Gérer les risques dans le secteur de l'éducation au Guyana

Au Guyana, les inondations sont un danger ordinaire, connu pour inonder chaque année les communautés et notamment les écoles. Les incendies, les marées noires, la sécheresse, la pollution, les pandémies et d'autres dangers d’origine naturelle ou humaine menacent également la stabilité du système éducatif. Face à ces défis récurrents, les responsables de l'éducation du Guyana ont créé la première politique nationale de gestion des risques pour le secteur de l'éducation.

En septembre 2020, des responsables du ministère de l'Éducation ont formé une équipe pour créer un plan dédié à la réduction et la gestion des risques liés aux catastrophes. Bien qu'elle ne soit pas uniquement spécifique à la COVID-19, la nouvelle politique est née de la prise de conscience du fait que le pays - comme beaucoup d'autres - n'était pas prêt pour les perturbations provoquées par la pandémie.

« Lorsque la COVID-19 est arrivé, nous avons réalisé à quel point nous étions mal préparés en tant que système éducatif à faire face à des risques tels que cette pandémie », a déclaré Nicola Johnson, responsable de la planification au ministère de l'Éducation. « En créant une politique de gestion des risques, nous pourrions collecter les données, évaluer où se situe le système éducatif par rapport aux différents types de risques et agir en conséquence afin d’accéder aux apprenants les plus vulnérables. »

Nicola M. Johnson, responsable de la planification, ministère de l’Éducation, Guyana
Nicola M. Johnson, responsable de la planification, ministère de l’Éducation, Guyana

Au début de la pandémie, le ministère a agi rapidement pour fermer les écoles et passer à l'apprentissage à distance. Cependant, de nombreuses communautés, en particulier dans l'arrière-pays et les zones fluviales, n'ont pas pu accéder à l'apprentissage numérique, aggravant les disparités déjà existantes. Cette situation sans précédent – couplée aux menaces croissantes du changement climatique – a mis en évidence l'urgence de développer des capacités de gestion des risques dans l'éducation.

« La résilience est importante pour nous car elle peut protéger notre bien le plus précieux – le capital humain – et elle facilite la continuité de l'apprentissage en temps de crise », déclare Nicola Johnson.

L'équipe du ministère – comprenant les chefs des départements centraux, infranationaux et de l'éducation – a créé des profils de risque et des cartes de danger potentiel pour les dix régions et la capitale, Georgetown. Des inondations aux feux de brousse et à la sécheresse, l'équipe a décrit qui est à risque, où et comment, ainsi que les capacités existantes et les nouvelles stratégies pour aider le système éducatif non seulement à faire face, mais aussi à se reconstruire plus fort.

Le ministère a pris l'initiative d'élaborer la politique de gestion des risques, avec l'appui technique de l'IIPE-UNESCO et de l'UNICEF. Cette décision stratégique a renforcé les capacités des gestionnaires de l'éducation afin qu'ils puissent à l'avenir gérer avec succès les risques pour le système éducatif

Gérer les risques de front

Chaque année, les écoles de neuf des dix régions du Guyana risquent des perturbations majeures et des dommages à leurs installations et équipements d'apprentissage. Cela affecte quelque 161 000 élèves et plus de 10 500 enseignants de la maternelle au secondaire, selon le questionnaire statistique annuel de juillet 2021. Les filles et les apprenants vivant dans des zones reculées sont particulièrement sensibles aux effets des inondations car cela peut fermer les installations sanitaires et les voies d’accès aux écoles.

Au cours d'une année donnée, les inondations touchent plus de 161 000 élèves et plus de 10 500 enseignants de la maternelle au secondaire.

La politique comprend de nombreuses mesures pour aider le système éducatif à prévenir, à se préparer et à répondre aux crises telles que les inondations. Bien que toutes soient importantes, Nicola Johnson précise qu'ils ont accordé une attention particulière aux stratégies mettant l'accent sur l'équité et atteignant les apprenants les plus vulnérables.

« Nous nous sommes vraiment concentrés sur les actions qui permettaient de garantir qu’en cas d'urgence la question de l'accès [aux écoles] soit traitée », dit-elle. Cela comprend notamment : l'entretien et la réhabilitation appropriés des installations éducatives, l'identification de bâtiments « sûrs » dans chaque district, les listes d'enseignants, l’équipement de stockage résistant aux risques pour le matériel d'enseignement et d'apprentissage, et l'utilisation d'outils TIC pour maintenir des liens de communication essentiels en cas d'urgence. Il s'agit également de renforcer l'utilisation des langues autochtones étrangères afin de garantir que les réfugiés et migrants vénézuéliens dont la langue maternelle n'est pas l'anglais aient accès à l'éducation.

Les données relatives aux risques sont essentielles

La politique remodèle également d'importants outils de planification tels que le Système d'information sur la gestion de l'éducation (SIGE) afin que les indicateurs liés aux risques soient intégrés. « Cela contribuera à garantir que nous avons en place un système de cartographie scolaire entièrement développé et solide », déclare Nicola Johnson. « Tout cela peut contribuer à améliorer l'efficacité à long terme, à mieux répondre aux risques et ainsi à atténuer leurs effets dans le système éducatif guyanais ».

Pour soutenir le renforcement du SIGE du pays, plusieurs membres de l'équipe ont également participé à un cours en ligne proposé par l'IIPE-UNESCO et NORRAG en mai-juin 2021 sur l'utilisation des données et des informations pour une planification de l'éducation sensible aux crises. Pendant huit semaines, les participants ont reçu une formation approfondie sur les enjeux, les outils et les approches stratégiques de l'utilisation des données et des informations pour éviter que les risques n'aient des conséquences désastreuses sur le système éducatif.

« Cette formation nous a apporté toutes les connaissances qui nous manquaient sur la gestion des risques par les données », explique Nicola Johnson.

Prochaines étapes

Le système éducatif est toujours en situation de crise et la plupart des écoles restent partiellement fermées à cause de la COVID-19. Une fois que les écoles pourront rouvrir, Nicola Johnson a déclaré que le ministère de l'Éducation se consacrera à la diffusion de la nouvelle politique de gestion des risques auprès des écoles, des responsables de l'éducation et des étudiants. Ils travaillent également à faire concorder les actions spécifiques de la politique avec le budget de l'éducation 2022 afin de faire face aux risques de front et protéger l'éducation pour tous.

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