Au Burkina Faso, le conflit en cours a contraint des milliers d’écoles à fermer. En février 2024, selon le ministère de l'Éducation, 5 336 écoles étaient fermées, soit plus de 20 % d’écoles dans le pays. Ces fermetures affectent plus de 820 000 élèves et 24 000 enseignants.
« Nous vivons dans un pays où le contrôle territorial du gouvernement évolue rapidement », explique Benjamin Kohoun, du secrétariat technique pour l'ÉSU au ministère de l'Éducation.
Pour rompre le cycle des conflits, il est essentiel de protéger les écoles de l’insécurité. Il est également primordial de pouvoir évaluer rapidement les besoins éducatifs.
« Nous devons pouvoir évaluer rapidement quelles écoles ont rouvert une fois que le gouvernement a repris le contrôle d’une zone donnée ».
Pour relever ces défis, l’IIPE a soutenu l’intégration des données sur l’éducation dans les situations d'urgence (ÉSU) dans les systèmes d'information sur la gestion de l'éducation (SIGE) du pays. Le ministère de l’Éducation a pu développer de nouveaux outils de collecte de données ÉSU pour suivre le statut des écoles fermées, délocalisées et rouvertes ainsi que celui des élèves déplacés. Cela a également permis d’actualiser les résultats du recensement scolaire annuel, favorisant une meilleure intégration des données, en particulier en période de crise.
« Le SIGE intégré nous aide à tenir le gouvernement central informé des réouvertures des écoles peu de temps après un changement territorial », déclare Kohoun.
À l’échelle internationale
Fort de cette expérience, l’IIPE a élaboré une note d'orientation pour aider d’autres pays à institutionnaliser les données ÉSU. Cette note s'appuie sur les enseignements du Burkina Faso, ainsi que sur d’autres ressources existantes, pour accroître la coordination globale entre les gouvernements, les partenaires humanitaires et les partenaires du développement. En travaillant ensemble, ces entités peuvent réduire les risques, renforcer la résilience du système éducatif et améliorer la production et l'utilisation des données ÉSU au sein d’un SIGE.
Les données ÉSU sont vitales pour atteindre l’Objectif de développement durable n° 4 et veiller à ce que personne ne soit oublié. Mais l’accès à des données précises peut s'avérer difficile en raison de leur fragmentation et de leur disponibilité limitée.
Le renforcement des systèmes de données ÉSU, qui est essentiel à une meilleure planification de l’éducation sensible aux crises, permet de mieux identifier les obstacles à l’éducation et favorise la résilience à long terme des systèmes éducatifs.
La note d’orientation aborde les principaux problèmes liés à la production et à l’utilisation des données ÉSU, comme la fragmentation des données, la création de systèmes parallèles, le manque de données nationales fiables et facilement accessibles, la faiblesse de la coordination, l’insuffisance des capacités, les différences dans l’utilisation des définitions, des indicateurs et des populations de référence, le partage limité des données et le manque de cohérence entre les acteurs de l’aide humanitaire et du développement.