La littérature sur le thème « éducation, violences et conflits » en Afrique subsaharienne connaît un remarquable essor depuis la chute du Mur de Berlin (1989). Abondante, cette littérature provient essentiellement, encore à ce jour, de sources institutionnelles et circule sous la forme de travaux d’expertise rédigés en réponse aux commandes des agences d’aide internationales – bailleurs de fonds et Ong. De son côté, la communauté des chercheurs en sciences sociales n’a guère produit de travaux systématiques sur ce triptyque. Il résulte de ce déséquilibre non pas une situation fâcheuse ou irrémédiable mais une limite ouvrant la voie à un fort potentiel de recherches dans les années à venir. En effet, approfondir le triptyque « éducation, violences et conflit » en ses principales dimensions - l’éducation comme source de violences et de conflits, l’éducation « victime » des conflits, l’éducation vecteur de paix - donne un aperçu de la complexité des liens à éclaircir entre chacun de ses éléments. À titre d’illustration de la complexité de ces liens, prenons l’entrée particulière des violences scolaires, une question qui revêt sur le continent africain une importance spécifique du fait de la régionalisation des conflits et du volume des populations contraintes à migrer. Ces violences existaient avant les conflits, de même continuent-elles d’exister dans des systèmes éducatifs de pays en situation de paix. L’éducation, source de violences ordinaires, peut-elle être inscrite sur la liste des facteurs déclenchant un conflit armé ? Pourquoi les enjeux liés au maintien ou à la destruction des infrastructures éducatives demeurentils aussi vifs en cours de conflit ? Pour qui ? Enfin, est-il possible, réaliste ou souhaitable de considérer l’éducation comme une voie de médiation dans la résolution des conflits ? Pour avancer des éléments de réponses à ces questions, cette communication brosse un premier état des lieux du thème « éducation, violences et conflits en Afrique subsaharienne » à partir d’une synthèse critique des littératures existantes, travaux d’expertise et travaux de recherche1 . Il explore tour à tour les trois principales dimensions de ce triptyque – l’éducation, source de violence, voire de conflit, l’éducation victime des conflits et, enfin, l’éducation vecteur possible de paix. Il s’agit bien de comprendre comment l’éducation en Afrique subsaharienne, par ses effets, ses niveaux, ses usages sociaux et politiques ou encore par les types de socialisation et de rapport d’autorité qu’elle suscite, se trouve au centre de tant de paradoxes et d’attentes divergentes.
Year
2006
Pages
18 p.
Meetings
Colloque international Éducation, Violences, Conflits et Perspectives de Paix en Afrique Yaoundé, 6 au 10 mars 2006
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