Créer un environnement favorable à une gestion efficace des enseignants dans les camps de réfugiés

Rédigé par Candyce Billy et Katja Hinz de l'IIPE-UNESCO, avec Helen West de Education Development Trust. Cet article fait partie d'une série sur la gestion des enseignants dans les camps de réfugiés. 

 

Les résultats des études de cas de l'IIPE-UNESCO et Education Development Trust (EDT) dans différents pays ont révélé qu'un ensemble de conditions préalables au niveau du système est nécessaire pour favoriser une gestion efficace des enseignants dans les contextes de réfugiés. Ces conditions préalables comprennent (mais ne se limitent pas à) : 

 

Un environnement politique favorable

Des politiques favorables à l'inclusion aux niveaux international, régional, national et déconcentré sont indispensables pour permettre aux réfugiés de s'épanouir, participer et s’impliquer dans la vie des communautés d'accueil. Nos recherches ont mis en évidence deux droits fondamentaux pour une meilleure gestion des enseignants dans les contextes de réfugiés. D’une part le droit au travail qui permet aux réfugiés d’assurer leur auto-suffisance. Pour cela, il est indispensable que les pays d’accueil mettent en place des mécanismes pour reconnaître les qualifications académiques des enseignants réfugiés obtenues dans les pays voisins. D’autre part, le droit à la libre circulation est crucial pour permettre aux enseignants réfugiés d'être déployés ainsi que pour faciliter l'accès aux opportunités de formation professionnelle avant et dans l'emploi.

 

La participation active des parties prenantes à tous les niveaux dans l'élaboration, la diffusion et la mise en œuvre des politiques 

Pour apporter des réponses appropriées aux défis locaux dans les régions accueillant des réfugiés, un large éventail de parties prenantes, y compris d'autres secteurs, devraient être engagé à tous les niveaux dans l'élaboration, la diffusion et la mise en œuvre des politiques. En particulier, il est indispensable d’engager les acteurs au niveau déconcentré, y compris les autorités locales, les enseignants et les parents, afin de mieux prendre en compte les besoins et les problèmes locaux lors l'élaboration des politiques.

 

La coordination et la collaboration entre les parties prenantes sous l'égide des pouvoirs publics

Il est nécessaire d’assurer une planification partagée avec les partenaires du développement, les acteurs humanitaires et les autres acteurs de l'éducation en s’assurant que leurs priorités sont alignées sur celles du gouvernement. Les consultations menées par le gouvernement et la collaboration entre les parties prenantes devraient également inclure des consultations au niveau de l'école et de la communauté d’accueil afin de faire entendre la voix de ceux qui sont directement touchés par les politiques.

 

Renforcer les capacités des principales parties prenantes qui travaillent avec le gouvernement à tous les niveaux

En progressant vers l'inclusion, il peut être utile de renforcer les capacités dans les domaines techniques et logistiques. Au niveau national comme régional, il convient de soutenir les ministères de l'Éducation et les organismes responsables de la gestion des enseignants afin de mieux comprendre et planifier les besoins de ceux-ci dans un contexte des réfugiés. Le renforcement des capacités est particulièrement nécessaire dans les systèmes duaux où le gouvernement n'a pas encore la pleine maîtrise des écoles.

 

Un système de collecte de données solide, qui répond aux fluctuations des populations d'élèves et peut fournir des données désagrégées

Les systèmes éducatifs ont besoin de données précises et opportunes sur les populations réfugiées, les inscriptions à l’école et les enseignants. Étant donné que les populations réfugiées en âge scolaire peuvent arriver rapidement et en grand nombre, il est difficile de s'assurer que les écoles disposent de salles de classe et d'enseignants en nombre suffisant, en particulier lorsque la planification et la budgétisation sont effectuées au niveau national avant la fin de l'année scolaire. Les SIGE et TMIS existants devraient contenir des données relatives aux apprenants et aux enseignants réfugiés, y compris des informations sur les qualifications des enseignants, et permettre une désagrégation sûre et fiable des données en fonction du statut de protection internationale.

 

Des mécanismes formels de financement et de mobilisation des ressources à tous les niveaux et l'établissement de partenariats à long terme avec les partenaires financiers du développement et de l'aide humanitaire

 Il y a un besoin urgent de fonds fiables et durables pour permettre une gestion efficace des enseignants réfugiés et une meilleure inclusion, en particulier en ce qui concerne la rémunération des enseignants qui est actuellement largement couverte par des fonds humanitaires imprévisibles et non durables. Il est donc essentiel que tous les investissements des partenaires humanitaires et de développement internationaux visant à soutenir les enseignants réfugiés soient réalisés en coordination avec les autorités nationales : cela permet de coordonner les efforts conjoints en vue d'atteindre des objectifs à long terme, avec une appropriation plus durable de la part du gouvernement national.

Au niveau national, les formes de décentralisation peuvent faciliter des approches de financement flexibles pour une réponse rapide aux besoins de financement. Grâce à des processus décentralisés, les besoins locaux peuvent être signalés au niveau central, avec une budgétisation flexible permettant une réponse rapide pour le recrutement et le déploiement d'enseignants et d’assistants pédagogiques et pour la création de centres d'apprentissage temporaires.

 

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